[Mission - Viladra Memphis] Un élevage assez spécial

"Les hommes qui, par leurs sentiments, appartiennent au passé et, par leurs pensées à l'avenir, trouvent difficilement place dans le présent." - Bonald (Louis, vicomte de) -

Aujourd’hui aurait du être une journée comme une autre. Une journée marquée par quelques affrontements avec des créatures de bas étage saupoudrés de beaucoup de solitude habituelle. Ayant beaucoup quitté le territoire ces derniers temps, j’avais décidé de ne pas trop m’éloigner de Tyra pour changer un peu. Oui, après tout, ce serait de la détente assurée puisque la majorité des lieux avaient été sécurisés par mes… Compatriotes. Oui. Verfandel était une planète instable où les seuls endroits dis ‘’protégés’’ étaient aussi fréquentable qu’un lac rempli de piranhas après deux mois de famine. Bref, autant dire qu’à moins d’être enfermé dans une maison en béton armé doublé d’une armature de métal, il était difficile de se considérer comme étant réellement en sécurité… Néanmoins, j’avais choisi de faire une petite balade dans la forêt grimpante. Portant ce nom car ses arbres millénaires s’élevaient très haut, les branches s’entremêlaient et formaient un véritable labyrinthe aérien… Pour ceux qui aimaient sentir l’air dans les cheveux ou les sensations fortes, se déplacer en hauteur était particulièrement grisant… Et dangereusement mortel.
Cette fois ci j’avais opté pour un trajet terrestre, et d’une de mes deux lames que j’avais dés-emboitées je tailladais les malheureuses feuilles qui avaient eu l’audace de me couper le chemin. Non mais… Elles étaient capables de me déchirer le tissu de mes vêtements… Cette végétation ne comprenait rien à la mode.

Vous devrez faire attention, ma p’tite dame, ‘parait qu’il y a un troupeau de bellicornes dans l’coin…

Glissant un regard à l’homme qui venait de me parler, je reconnus là un infecté qui utilisait rarement ses pouvoirs, préférant le pacifisme à la confrontation. Je n’avais que peu d’estime pour lui, mais étant de la même race que moi je ne répliquai rien et attendis qu’il s’éloigne. Depuis quand avais-je peur de stupides monstres ? Sans cervelle et dotés d’une réactivité bien en dessous de la lenteur normale, ils n’étaient pas très impressionnants. De grosses peluches roses, si vous voulez mon avis… Bref, une fois que l’homme eu disparu de ma vision, je reportai mon attention sur le chemin que je me traçais à coups d’épée, le nez en l’air histoire de mieux apprécier les senteurs de cette flore sauvage. Et de ne pas me faire prendre par surprise par un Maggot mal intentionné. Ouais, on avait à peu près sécurisé le sol… Mais trier les habitants du ciel n’était pas chose aisée.
Passons… Débouchant dans une petite clairière naturelle où un ruisseau coulait sereinement d’un bout à l’autre, quelques rochers entouraient une petite vasque remplie d’eau limpide. Un lieu fort agréable en journée et très dangereux la nuit étant donné que toutes sortes de créatures venaient s’y abreuver. Certes, nous nous trouvions en fin d’après-midi et il faisait encore jour, mais je savais qu’il ne fallait pas que je m’attarde trop longtemps…

« Moi je te conseil de rentrer tout de suite, le temps du retour il fera nuit si tu ne te dépêches pas… »

Pour une fois, l’idée n’était pas mauvaise… Mais comme je l’ai dit précédemment, aujourd’hui fut troublé par quelques évènements inattendus et involontaires. Oui, alors que je me levai pour aller me rincer le visage, je fus troublée par des cris apeurés un peu plus loin. Les mains plongées dans l’eau, prêtes à me rafraichir, je ne me souciai pas tout de suite de cette anomalie. Après tout, se balader ici était risqué et tout le monde le savait, alors les victimes ne devaient s’en prendre qu’à elles-mêmes. Continuant ce que je faisais, je me relevai quelques instants après et sortis de ce lieu idyllique en voyant que les rayons devenaient de moins en moins, je me glissai entre les armes, rendant mon pas silencieux afin de ne pas me faire remarquer. Encore une fois, les cris retentirent, cette fois tout proche. Levant les yeux au ciel en me disant qu’on ne pouvait pas être tranquille, j’entendis des bruits d’affrontements ainsi que des craquements de branches brisées sous un poids massif. Ouch… J’avais mal pour ceux qui se battaient.
Poursuivant mon chemin, je contournai un arbre quand j’entendis des pas approcher vivement. Au bruit, je compris qu’il s’agissait d’un enfant, ou quelqu’un de très petite taille. Néanmoins, je sortis mon arme et fis un pas…

Aidez ma maman !

M’ayant heurté de pleins fouet, je l’attrapai par le bras avant qu’il ne chute et remarquai les écorchures sur tous son corps. Comprenant alors que la personne qui se battait était sa mère, je me dis qu’il s’agissait forcément d’infectés car sinon cela ferait longtemps qu’elle serait morte. Ou alors elle possède une arme très silencieuse… Ce qui est rarement le cas chez les humains. Maudissant le fait d’être embarquée dans une histoire pareille, je ne répondis pas tout de suite et fixai d’un air impassible son visage barbouillé de larme. Gamin… Si t’es un humain et que je l’apprends après, je te tranche la gorge. Ouais, j’avais pour principe de ne pas pactiser avec les Hommes… Trop instables, peu fiables et égoïstes.
Avec un soupir de lassitude, je l’écartai et me dirigeai donc vers les bruits d’affrontement une trentaine de mètres plus loin. Le spectacle fut assez intéressant je dois dire… Une femme se tenait au centre d’une clairière avec quatre bellicornes autour d’elle. Deux cadavres à ses pieds, elle était couverte de sang et tenait deux sabres dans ses mains. Une bretteuse ? Intéressant. Disloquant mon épée pour en tenir deux, plus courtes mais toutes aussi imposantes, je m’avançais au moment où un autre monstre tombait à ses pieds. Epuisée, je voyais qu’elle était proche de la mort et les gémissements de sa progéniture mirent ma fierté de coté et je m’élançai dans le combat. Après tout, il fallait bien que je défoule… non ?

« Sois prudente…
Je le suis toujours voyons. »

Tendant une main, je lançai une pression d’air dans la zone. Peu précise et peu puissante, elle suffit néanmoins à déséquilibrer l’une de ces peluches, la faisait directement basculer vers moi. Armant mes deux épées au dessus de mon épaule, j’effectuai donc un arc de cercle gracieux (en fait ça ressemble plutôt à du golf version géante.) pour la ramener vivement vers lui. Coupée dans mon élan par sa colonne vertébrale qui craqua sinistrement, je le laissai s’affaisser dans un râle d’agonie et me tournai vers un autre. Désormais face à un monstre chacun, je vis dans le regard de cette femme un air d’espoir et ses gestes se firent plus fluides. Bon, elle manquait un peu de pratique tout de même…
Me baissant vivement pour éviter une griffe de la taille de mon avant-bras, je pivotai sur mes hanches et lui donnai un coup de talon dans le ventre dans un même mouvement. Vu sa masse, je ne l’expédiai pas à trois mètres et il ne s’écrasa pas non plus contre un arbre mais le bellicorne tituba légèrement et j’en profitai pour lui porter une attaque en croix de mes deux épées. Esquivant l’une d’elle en se plaçant sur le coté, j’ouvris néanmoins un belle entaille dans sa… Poitrine ? Enfin dans sa masse et il recula en couinant.

Quel bébé geignard… Murmurais-je froidement.

Voyant une ombre à ma droite, je me jetai au sol un peu trop tard et sentis une griffe tracer une ligne de feu le long de mon flanc. Retenant une exclamation de rage, je me reçus dans un rouler bouler et me relevai vivement, plus attentive cette fois. Comment cette chose avait-elle pu oser me toucher… Heureusement que sa griffe était aiguisée, sinon j’aurais eu une cicatrice… Et ça, c’était impensable. Animée d’une rage intérieure à l’idée qu’on puisse défigurer mon corps parfait, je ne réfléchis pas et fonçai sur lui. Passant sous sa garde pathétique, je levai mes deux lames et l’embrochai d’un coup, les pointes ressortant dans son dos. Tremblant sous son poids, je retirai vivement mes épées et m’écartai avant qu’il ne tombe. Couverte d’un sang presque noir, je me tournai vers l’autre femme qui venait de terminer son combat. Vérifiant que ma blessure n’était pas grave, je m’approchai d’elle et le fixai de haut. Oui, elle venait de poser un genou à terre et tentait de reprendre sa respiration. Voyant son teint cireux et le sang qui coulait de moins en moins abondant, je compris d’un coup d’œil qu’elle était foutue. L’enfant se glissant à mes cotés, il assista alors à la mort de sa mère, trop choqué pour pleurer. Voyons… Il faut se faire des nerfs d’acier.

Bon… Soupirais-je en levant le regard vers le ciel orangé. Qu’est-ce que je fais, maintenant…